Le crash du Boeing MH 17

Je voudrais tenter dans cette page de faire le point sur ce qu'il est possible de savoir dans l'affaire du crash du vol MH 17, en l'absence de tout rapport fiable de la part des experts que les autorités américaines ont commandités, du fait que l'Etat ukrainien se trouve au nombre des enquêteurs, ce qui détruit dés le départ toute confiance : comment peut-on être à la fois juge et partie ? Que dire d'une enquête confiée à l'un des deux suspects ? Le Boeing a pu être abattu par l'un des deux combattants : l'armée ukrainienne ou les rebelles du Donbass; dés lors que l'un des deux mène l'enquête, c'est évidemment l'autre qui est accusé ! Que penser donc du rapport d'une telle commission ? 

Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a estimé, dans une conférence de presse à Tokyo, en mai 2019, qu’il y a eu trop de politique dans l’enquête sur le crash en Ukraine  et que les enquêteurs en ont accusé la Russie en l’absence de preuves.

Le gouvernement malaisien estime que l’enquête sur le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 était trop politisée et veut des preuves solides montrant que laRussie est responsable de la tragédie, a annoncé jeudi 30 mai le Premier ministre Mahathir Mohamad cité par le Malay Mail.

«Ils accusent la Russie, mais où sont les preuves? Nous savons que le missile qui a abattu l'avion est un missile de type russe, mais il pourrait également être fabriqué en Ukraine», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Tokyo.

Il a souligné que «ce pourrait être par les rebelles en Ukraine» ou le «gouvernement ukrainien car ils ont également le même missile».

Il a également déclaré que la Malaisie devait participer à l’examen des boîtes noires, mais pour «certaines raisons» avait été exclue du processus.

«Nous ne savons pas pourquoi nous avons été exclus de l'examen, mais dès le début, nous constatons trop de politique et l'idée n'était pas de savoir comment cela s'est passé, mais d’être concentré sur le fait d'essayer de l'attribuer aux Russes. Ce n'est pas un type d'examen neutre», a déclaré M.Mohamad.

https://www.malaymail.com/news/malaysia/2019/05/30/dr-m-says-malaysia-wants-evidence-to-show-russia-shot-down-flight-mh17/1757945


Nous n'avons donc d'autre possibilité que d'utiliser les sources ouvertes qui sont à la disposition du public pour tenter de nous faire une opinion. L'utilisation de ces ressources est particulièrement difficile du fait que l'immense majorité des documents publiés sont des faux, des fakes, et que le chercheur honnête perd un temps fou à analyser des documents pour en vérifier l'authenticité, travail qui se révèle la plupart du temps infructueux. Les photos, vidéos, enregistrements téléphoniques, messages sur twitter, qui circulent sur les réseaux sont pratiquement tous des faux, des documents fabriqués de toutes pièces, ou traitant de tout autre question, et réutilisés totalement en dehors de leur contexte. Il existe par exemple sur YouTube deux vidéos prétendant montrer la chute du Boeing et dont l'une est en fait la vidéo de la chute d'un avion espion, qui n'a rien à voir avec un Boeing, et l'autre provient d'Afghanistan :(https://www.youtube.com/watch?v=jo5FrRmMdJk).

Je donne donc une version des faits qui ne s'appuie que sur des éléments et des arguments incontestables, et que personne n'a contredits. Qui a abattu le vol MH 17 ? À cette question, il existe deux réponses : le gouvernement ukrainien, les pays de l'OTAN, et l'immense majorité des organes de presse occidentaux affirment à l'unisson, tout en avouant n'avoir aucune preuve décisive, qu'il aurait été abattu par un missile balistique de type 9M317, tiré par un système BUK de fabrication russe. Le gouvernement russe, quant à lui, affirme qu'il aurait été abattu par un avion de chasse ukrainien de type SU 25, de fabrication soviétique.

Nous passerons en revue successivement les 3 thèses existantes : celle d'un BUK russe moderne, type 9M317, celle d'un chasseur ukrainien, puis celle d'un BUK ancien modèle, tel qu'en possède l'armée ukrainienne. 

I - La thèse du missile tiré par un BUK russe de type 9M317

 

Cette thèse, immédiatement répandue dans le monde entier, et qui est souvent la seule examinée par les médias, est en réalité presque impossible à soutenir, pour des raisons essentiellement techniques. Les défenseurs de cette thèse reconnaissent qu'il n'y a pas de preuve absolue, mais comme ils refusent d'examiner l'autre thèse, ils s'en tiennent évidemment à celle-là. Or il est totalement invraisemblable qu'un système BUK russe moderne abatte un Boeing à l'aide d'un missile balistique sans qu'on en ait quantité de preuves absolument indiscutables.

A - la traînée dans le ciel

Un missile balistique de type 9M317 est équipé d'une fusée qui le propulse à une vitesse supérieure à 3000 km/h, et qui lui permet d'atteindre un objectif situé à 10 000 m en 12 secondes. Cette fusée laisse une traînée blanche qui s'étend du point de tir au point d'impact, qui est parfaitement visible à plusieurs kilomètres de distance, et qui, par temps clair et en l'absence de vent, met plus de cinq minutes à se dissiper. Dans cette région densément peuplée, elle eût été visible par des centaines de milliers de personnes. Or il n'existe pas un seul témoin oculaire, pas une seule photo, pas une seule vidéo qui rapporte la présence dans le ciel d'une telle traînée.

B - l'explosion de l'avion

Le missile en question ne tire pas seulement des Schrapnels, billes ou tiges métalliques, comme un missile air-air, mais il est surtout équipé d'une charge explosive de 70 kg, qui éclate lorsqu'il se trouve à 20 m sous l'avion, provoquant une onde de choc qui brise les réservoirs de carburant, provoque leur déflagration, et casse l’avion par le milieu.

La boule de feu consécutive est parfaitement visible depuis le sol, et la trace dans le ciel peut mettre jusqu'à 10 minutes pour se dissiper. Or, encore une fois, personne n'a rien observé, et il n'existe aucune photographie d'une telle explosion.


C - le crash de l'avion

A l'inverse, il existe une vidéo authentique, prise sur son portable par une personne habitant à proximité du lieu du crash, qui montre les flammes et l'épaisse fumée noire qui s'élèvent au-dessus des débris de l'avion, et qui démontrent, ainsi que la vue aérienne de ce lieu, que les réservoirs d'essence étaient encore pleins quand le corps principal de l'avion s'est écrasé au sol (le cockpit étant tombé à une assez grande distance).

Que ces réservoirs soient restés pleins jusqu'au moment où l'avion s'est écrasé au sol est totalement incompatible avec le tir d'un missile 9M317, qui l’aurait désintégré ; avec ce type de missiles, seules quelques rares pièces seraient parvenues au sol. Le réservoir de carburant bi-explosible n'a pas encore été inventé.

(Voir en particulier : http://blogs.mediapart.fr/blog/segesta3756/030814/crash-du-vol-mh17-toujours-en-attente-des-preuves-interview-dun-expert-de-losce).

Aleksandr Biletsky, ingénieur des systèmes de missiles spécialiste dans les systèmes de défense anti-aérienne : 

"On voudrait me faire croire que, après la désintégration de la tête "Bukovkaja" d'un missile du poids de 70 kg, un quelconque aéromobile puisse poursuivre son vol, produire des manœuvres de réduction de l'altitude, pour ensuite aller se fracasser en des morceaux qui tombent dans le rayon de quelques kilomètres l'un de l'autre.Tout ceci est physiquement impossible.

Avec la désintégration de ce type d'arme, surtout à des vitesses élevées déchargées à haute altitude, sont provoqués des effondrements structuraux totaux ou partiels de n'importe quelle structure d'aéromobile, inclus les avions de combat même cuirassés. De n'importe quel type…

En quoi consiste la désintégration ? Se produit la rupture complète ou partielle de l'avion en petits fragments, après quoi les fragments volumineux restants tombent en rotation incontrôlable et après une brève période de temps ils sont complètement détruits à cause du contact avec le sol. Il n'existe pas d'avions frappés par des missiles lourds du système "Buk" qui puissent continuer à voler pour un peu de temps… Vraiment aucun vol."

D - l'absence de signature radar

Il y avait ce jour-là dans le ciel ukrainien deux avions radars américains de type Awacs, qui possèdent des équipements électroniques extrêmement sophistiqués, qui leur permettent non seulement de détecter tout ce qui vole dans le ciel, ne fût-ce qu'un simple drone, mais qui leur permettent également de réaliser des photographies extrêmement précises de tout ce qui se passe au sol. Cependant, ils n'ont relevé aucune signature radar qui corresponde à un missile du type incriminé. En conséquence, à moins de supposer que les appareils de détection américains seraient tellement mauvais qu'ils n'arriveraient pas à détecter ce qui est parfaitement visible à l'œil nu, le simple fait qu'ils n'aient pas relevé de tir de missiles peut être admis comme la preuve qu'il n'y en a pas eu.

Résumons-nous : personne n'a repéré la moindre trace de tir de missiles dans le ciel, personne n'a repéré la moindre trace d'explosion de l'avion dans le ciel, les réservoirs de carburant de l'avion n'ont explosé que lorsqu'il a atteint le sol, aucun radar n'a repéré de trace de lancement de missile. Comment peut-on dans ces conditions continuer à soutenir que cette thèse serait défendable ? Si elle était juste, nous en posséderions des milliers de preuves indiscutables.

II - La thèse du missile air-air tiré par un SU 25

 

A – Le plafond de service de l'avion

De fait, cette deuxième thèse n'a rencontré qu'une seule objection : l'avion en question, d'un modèle assez ancien, est essentiellement destiné à l'attaque au sol, à la destruction de chars, mais ses performances en tant que chasseur sont assez médiocres ; les adversaires de cette thèse ont fait remarquer que son service ceiling, c'est-à-dire son altitude maximum de service est de 7000 m, ce qui est très insuffisant pour abattre un Boeing qui se situait 3000 m au-dessus. Ce chiffre est exact, et il se trouve toujours sur le site du constructeur, (http://www.sukhoi.org/eng/planes/military/su25k/lth/) et, contrairement à certaines informations, il n'a pas été modifié, tout au moins à la date où j'écris.

Mais l'argument est fallacieux, il joue sur une confusion entre le service ceiling, plafond maximum de l'utilisation ordinaire de l'avion pour bénéficier au mieux de toutes ses performances, et l’absolut ceiling, plafond maximum que l'avion peut éventuellement atteindre pour de courtes durées, avec des performances réduites, et qui est beaucoup plus élevé. Pour une opération d'une quinzaine de minutes, le SU 25 est parfaitement capable de dépasser les 10 000 m. La seule objection qui a été apportée à cette thèse ne tient donc pas.

B - les traces d'impact sur les restes de la carlingue

Les débris de la carlingue portent de très nombreuses traces d'impacts de Schrapnels, particulièrement à la hauteur du poste de pilotage, et celles-ci montrent clairement qu'ils proviennent d'un tir latéral, conformément aux traces que laisserait le tir d'un chasseur qui serait à sa hauteur. Une éraflure horizontale sur le débris d'une aile confirme cette thèse.

D'autre part, un morceau de la carlingue qui se trouvait à proximité du poste de pilotage porte des impacts à la fois entrant et sortant. Cela démontre que l'avion a été percé de part en part par des tirs provenant des deux côtés à la fois ; aucun missile n’est capable de tirer de cette manière ; la seule explication possible est que l'avion a été l'objet de tirs de deux chasseurs différents. Voir à ce sujet l’analyse de Peter Haisenko : (http://www.anderweltonline.com/wissenschaft-und-technik/luftfahrt-2014/shocking-analysis-of-the-shooting-down-of-malaysian-mh17/)

C - la chute du cockpit

C’est en particulier ce double mitraillage au niveau de la cabine de pilotage qui permet d’expliquer d'une part, que le cockpit se soit détaché du corps de l'avion pour tomber à une distance assez éloignée, et d'autre part, que quantité de corps et d'objets soient tombés sur une large surface. Des affaires personnelles, telles que des sacs, des peluches, etc., ont été retrouvées intactes au sol, alors qu'une explosion de l'avion en vol les aurait carbonisées.

D -Les témoins oculaires

De nombreux témoins, interrogés par la BBC, ont fait état de la présence de chasseurs autour du Boeing juste avant le crash; le reportage a ensuite été occulté par la chaîne, mais il est toujours disponible sur les réseaux sociaux qui l'ont capté à temps : 

 

E - Le manque d'information de la part des militaires américains

Les deux avions radars Awacs dans le ciel ce jour-là auraient, aux dires des autorités militaires américaines, perdu la trace du Boeing, et celles-ci ne seraient donc pas en situation de présenter les relevés radar le concernant. On peut s'étonner encore une fois du fonctionnement très curieux et très aléatoire de ces appareils ultra-sophistiqués qui n'observent rien de ce qui est vraiment important. Comment expliquer un tel dysfonctionnement, sinon par le fait que les relevés radar de ces avions révéleraient la présence des chasseurs ukrainiens à ses côtés ?


III - la thèse du missile BUK ukrainien, de type 9K37 Buk-M1

C'est la thèse actuellement défendue par la Russie, au vu des données fournies par la commission d'enquête (JIT), qui a fourni les débris d'un missile portant des numéros d'immatriculation. L'armée russe affirme, documents militaires déclassifiés à l'appui, avoir retrouvé l'historique de celui-ci, qui aurait été fabriqué en 1986 et livré à l'époque à l'armée ukrainienne. Le missile "a été incorporé à l'armée ukrainienne", affirment les autorités russes. Se basant sur des documents jusqu'alors "secret défense" issus du concepteur du missile, l'armée russe a assuré lors d'une conférence de presse que celui-ci "a été assemblé le 24 décembre 1986 et délivré par train" à une unité militaire soviétique de l'ouest de l'Ukraine.

"Après la chute de l'Union soviétique, le missile n'a pas été rapatrié sur le territoire russe et a été incorporé à l'armée ukrainienne", a ajouté le général Nikolaï Parchine, qui dirige la division chargée des missiles dans l'armée russe. "L'importance de ces découvertes nous a poussés à prendre la décision sans précédent de déclassifier ces documents", a-t-il affirmé.

Ces informations ont été envoyées aux enquêteurs internationaux chargés de faire la lumière sur ce drame, a-t-il ajouté. Les enquêteurs internationaux n'ont pas réagi à la fourniture de ces documents.

Cela étant dit, la fourniture de ces débris de missiles n'invalide pas définitivement la thèse du chasseur ukrainien, car rien ne prouve que ces débris ne proviennent pas d'un missile tiré lors d'un banal exercice militaire. Jusqu'à présent, aucune preuve n'a été fournie qu'un BUK avait bien été tiré ce jour-là dans cette région.


IV - Le point de vue de Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’IRIS et général de brigade aérienne:

Il existe plusieurs versions concernant la cause du crash MH17. Laquelle trouvez-vous la plus crédible ?

Pour moi, ça semble extrêmement compliqué puisque les trajectoires du Boeing n’ont pas été restituées. Il y a des bruits, des rumeurs disant qu’elles auraient été restituées et que ça prouverait que le missile qui a abattu le Boeing est parti d’un territoire tenu par des rebelles, mais j’attends de voir des preuves un peu plus sérieuses, parce que j’ai vu, aussi bien du côté ukrainien que du côté russe, des trajectoires graphiques qui n’étaient pas crédibles. Donc il faut attendre d’avoir quelque chose d’un peu plus sérieux et pour le moment, ce n’est pas le cas.

Juste après l’accident, la plupart des médias occidentaux ont pointé la Russie du doigt, l’accusant d’en être responsable, sans même avoir recueilli de preuves. Quelle en est la raison d’après vous ?

Je pense qu’actuellement, la mode est à dire que tout est de la faute de la Russie quand on peut, ça rentre dans un système. Les gouvernants occidentaux ont très largement soutenu le nouveau pouvoir de Kiev en oubliant un petit peu la manière dont il était arrivé au pouvoir et en oubliant qui faisait partie de ce pouvoir. Je pense que les Etats-Unis, aussi, ont tout intérêt à ce que la Russie et l’Europe n’aient pas de trop bonnes relations. Donc là, on est dans quelque chose qui est assez cohérent.

Et puis, ensuite, on a dit que c’étaient des rebelles qui avaient tiré ce missile sans en apporter aucune preuve sérieuse, à ma connaissance. La seule chose que je sais, c’est que ce soit d’un côté ou de l’autre, c’est une erreur et qu’une erreur de ce type a déjà été faite par l’Ukraine, à ma connaissance l’un des rares pays qui ait fait ce type d’erreur récemment.

Cette enquête dure déjà depuis une année, mais on n’a pas d’informations récentes sur son déroulement. Il y a juste des tweets, comme celui de CNN qui cite des sources anonymes proches de l’enquête, accusant les rebelles. Pourquoi n’avons-nous aucune information fiable de la part des experts ?

Le fait qu’il n’y a pas d’information fiable, à mes yeux, ça a plutôt tendance à innocenter les rebelles parce que s’il y avait des informations fiables qui prouvent que ce sont eux, les Etats-Unis en particulier se seraient empressés de les rendre publiques. Autre élément qui me semble intéressant, c’est que les enregistrements des conversations radio entre le contrôle ukrainien et cet avion n’ont toujours pas été rendus publics alors que cela peut l’être extrêmement rapidement.

http://www.iris-france.org/62058-si-les-rebelles-etaient-a-lorigine-du-crash-du-mh17-les-usa-lauraient-fait-savoir/

V - Peut-on donner un scénario global qui rende compte de l'ensemble des faits ?

 

Dans les journées qui ont précédé cet événement, plusieurs avions ukrainiens avaient été abattus par les séparatistes ; il s'agissait précisément de ces SU 25, conçus pour l'attaque au sol, et le soutien aérien aux troupes terrestres. Pour détruire leurs objectifs, ils étaient amenés à descendre relativement bas, à une altitude inférieure à 4 000 m, où ils pouvaient effectivement être détruits par des missiles à très courte portée. Ces missiles sont manipulables par deux hommes seulement, et ont une portée d'environ 5 km ; ils disposent d'un guidage infrarouge. Des militaires improvisés peuvent apprendre à s'en servir, contrairement aux BUK qui exigent une formation de niveau ingénieur.

Enragés par la mort de leurs collègues et leurs défaites successives, des pilotes ukrainiens ont pu décider de les venger en s'en prenant à un avion civil, de manière à faire accuser les séparatistes, pour provoquer ensuite une intervention militaire européenne contre ces derniers. L'opération a peut-être été préparée avec de nombreuses complicités, car le Boeing n'a pas suivi ce jour-là son trajet habituel qui passait plus au nord; il a donc été détourné pour survoler la zone occupée par les séparatistes; par qui ? par les chasseurs eux-mêmes ? par la tour de contrôle ? 

Dans cette affaire, il y a une question basique que ne posent jamais les médias : à qui profite le crime ? Il est bien évident qu'il ne profite en rien aux insurgés ; on ne pense d'ailleurs pas à les accuser d'avoir agi volontairement, mais seulement de s'être trompés. À l'inverse, il est clair que l'accusation portée contre eux profite très largement à la cause des nationalistes ukrainiens, et que cela a pu constituer un motif suffisant à leurs yeux. S'il est impossible de mesurer exactement l'impact sur l'opinion publique de cette charge, il est bien certain qu'il est énorme. Serait-il aussi facile aux gouvernements occidentaux de soutenir les nationalistes de Kiev contre les insurgés auprès de l'opinion publique occidentale sans cette terrible accusation ?

Les autorités américaines, connaissant parfaitement la vérité, auront préféré dissimuler leurs informations, pour ne pas nuire au gouvernement de Kiev qu’elles soutenaient. Cela présentait d'autre part pour elles l'avantage de permettre d'accuser une fois de plus la Russie. Car à quoi peut servir de reporter la révélation de la vérité aux calendes grecques sinon à laisser au mensonge le temps de faire son œuvre ? Cela leur permet enfin de s'assurer de la docilité des autorités de Kiev, en les maintenant sous la menace de révéler la vérité sur cette affaire. C'est probablement pour cette raison que les autorités américaines tiennent à garder au chaud le rapport des experts, de manière à pouvoir le sortir quand bon leur semblera.

Le traitement pervers de l'information par les médias

Un exemple parfaitement frappant de la déformation volontaire de l'information par les journalistes peut être donné par le commentaire d'un journaliste de Paris-Match, Alfred de Montesquiou, d'une vidéo dans laquelle deux témoins de l'attaque du Boeing livrent leurs témoignages. Il affirme très clairement que ces témoins auraient vu un missile abattre le Boeing.

http://www.parismatch.com/Actu/International/Sur-les-lieux-du-crash-du-MH17-en-Ukraine-576969



Or, sur la vidéo en question, le témoin ne parle absolument pas d'un missile BUK, mais bien d'un autre « avion qui est arrivé par derrière », « Самолет который заходил », à la minute 1 :30, puis l’a contourné, de manière à le frapper à la tête, manœuvre totalement impossible pour un BUK qui arrive directement par en dessous de manière à faire exploser les réservoirs de carburant.

Le premier témoin ne parle pas de la traînée blanche que le missile aurait dû laisser dans l'air, alors que le deuxième parle lui d'une « colonne de fumée vraiment énorme » consécutive au crash de l'avion, ce qui prouve bien une fois de plus que les réservoirs étaient intacts au moment du crash.

L'interprétation par Montesquiou de cette interview est évidemment perverse : il abuse du fait que le téléspectateur ne comprend pas le russe, et que le propos passe très vite ; il reste néanmoins parfaitement audible.

D'autre part, en ce qui concerne les prétendues photos d'un BUK qui serait passé plus ou moins à cet endroit-là et vers cette époque, c'est un écran de fumée qui ne prouve rien du tout, et qui ne sert qu'à une chose : faire perdre du temps à ceux qui veulent comprendre ce qui s'est réellement passé (ça m’en a fait perdre beaucoup). L'armée russe possède plus de 250 de ces systèmes, et l'armée ukrainienne en possède également une douzaine. Ce sont des systèmes mobiles, qui n'ont d'ailleurs absolument pas besoin d'être planqués dans des camions de transport. En temps de guerre comme aujourd'hui, ils patrouillent normalement le long des frontières, et font de temps en temps des exercices de tir. Voir passer un BUK dans la région en ce moment est à peu près aussi banale que de voir un car de CRS dans Paris ; et il n'y a rien d'étonnant à ce que de temps en temps l'un d'entre eux n’ait que deux ou trois missiles en position de tir au lieu de quatre : cela signifie tout simplement que les militaires ont fait un exercice de tir, ce qui est extrêmement régulier.

L'armée ukrainienne elle-même a reconnu qu'elle avait quatre de ces systèmes en fonctionnement au mois de juillet dans la région.

Le crash du MH 17 - Liens externes


Sur le crash du MH 17, la lettre ouverte de spécialistes du renseignement américain à la retraite qui exigent des explications sérieuses, et dénoncent une presse au service du mensonge d'Etat (traduction en français sur le site Les-crises.fr):

https://www.les-crises.fr/retraites-du-renseignement-us-obama-doit-exposer-ses-preuves-sur-lukraine/

Une page assez pertinente sur les silences inexplicables de l'administration américaine (en anglais):

https://consortiumnews.com/2015/01/19/the-danger-of-an-mh-17-cold-case/

Ici, une analyse très précise par un ancien pilote de ligne allemand devenu expert, Peter Haisenko :

http://www.anderweltonline.com/wissenschaft-und-technik/luftfahrt-2014/shocking-analysis-of-the-shooting-down-of-malaysian-mh17/

Il démontre clairement que le MH 17 a été abattu par deux chasseurs, et non par un missile. 

La proposition américaine de tribunal à l'ONU 

Cette proposition, émise en juillet 2015, avait pour but officiellement de "faire justice". La Russie y a mis son véto, et la plupart des médias ont présenté celui-ci comme la preuve que la Russie voulait protéger les indépendantistes. Qu'en est-il en réalité ?

1 - Cette proposition a d'abord servi d'écran de fumée pour faire oublier que les autorités américaines avaient promis de divulguer le rapport des experts le 15 juillet. La publication de ce rapport, qui doit contenir en particulier les enregistrements des boîtes noires, lesquels auraient dû être dévoilés dès septembre 2014, a d'abord été reportée sans explication au 15 juillet, puis de nouveau reportée au mois d'octobre. 

2 - Ce que demandaient les USA, c'était la création d'un tribunal spécial au sein de l'ONU pour juger cette affaire, alors que l'ONU n'est pas compétente en la matière, et qu'il existe déjà un Tribunal Pénal International parfaitement compétent; la question qui se pose en réalité n'est donc pas : "pourquoi refuser un tribunal spécial ?", mais "pourquoi ne pas recourir au TPI qui est là pour ça, et qui est indépendant ?". Pour la Russie, il était évident que les USA voulaient créer un tribunal spécialement formaté pour faire condamner les séparatistes même sans aucune preuve, l'enquête étant toujours en cours. Les Russes exigent qu'on termine d'abord l'enquête, et qu'on passe ensuite au TPI. Ce tribunal spécial inventé par les USA ne semble rien d'autre qu'un écran de fumée pour aveugler l'opinion publique, faire croire que ce sont les Russes qui ne veulent pas de procès, et éviter à tout prix une véritable enquête par un tribunal qui exigerait qu'on enquête aussi sur la responsabilité possible de l'Ukraine, ce que la commission d'enquête se refuse à faire depuis le début, refus qu'on peut évidemment comprendre comme un aveu ...

 

L’actualité de la crise au jour le jour sur : Europe et Russie

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Voir aussi :

La destruction de l'Europe

L’intervention des USA

Le néofascisme américain

La catastrophe ukrainienne

La constitution de la Crimée

L’extrême droite ukrainienne

La politique des sanctions

La stratégie de manipulation des masses

La guerre civile

Vers une guerre contre la Russie

Les accords de Minsk 2

P. C. Roberts et l'hégémonie américaine

La doctrine de Brzezinski

La doctrine de Wolfowitz